Plutarque naquit à Chéronée, dans la Béotie, vers le milieu du premier siècle de notre ère. On ignore l'année précise de sa naissance ; mais on sait, par son propre témoignage, qu'à l'époque du voyage de Néron en Grèce, c'est-à-dire à la date de l'an 66, il suivait, à Delphes, les leçons du philosophe Ammonius. Il sortait, autant qu'on peut juger, d'une famille honorable, et qui ne néglige rien pour développer ses heureuses dispositions naturelles. Il fut élevé, dans son enfance, sous les yeux de son père, de son aïeul et de son bisaïeul. Son bisaïeul se nommait Nicarchus. C'était un vieillard aimable et conteur, et dont les souvenirs personnels remontaient jusqu'au temps des dernières luttes d'Antoine et d'Octave. Plutarque nous peint Lamprias, son aïeul, comme un homme éloquent, plein d'imagination et d'une douce gaieté. Il vante les vertus de son père, son instruction, ses talents, et il ne parle jamais de lui qu'avec une extrême tendresse ; mais il ne nous a point conservé son nom. Il eut deux frères, Timon et Lamprias, et une sœur, qui fut la mère du philosophe Sextus, l'un des maîtres de l'empereur Marc-Aurèle.
Plutarque étudia, dans l'école d'Ammonius, les mathématiques et la philosophie ; et il s'y lia avec un jeune Athénien, descendant de Thémistocle. À son retour dans Chéronée, il fut employé, quoique fort jeune, à quelques négociations avec les villes voisines. Il se maria bientôt, et il fut heureux dans son choix. Sa femme se nommait Timoxène. Elle était d'une des meilleures familles de Chéronée ; et elle se montra, par ses vertus, la digne épouse d'un homme excellent.