Un pays de montagnes dans la mer: telle est la Corse, âpre et riante, qui tout à la fois repousse et accueille. Les plus hauts sommets se dressent dans la partie médiane de l’île, sur le bord occidental d’une dépression qui, de l’île Rousse à la marine de Solenzara, sépare la Corse granitique, à l’Ouest, et la Corse schisteuse, à l’Est. La ligne de faîte, qui atteint 2.710 mètres au monte Cinto, 2.625 mètres au monte Rotondo, n’est franchie que par des cols (foci ou bocche) élevés de plus de 1.000 mètres. C’est de ce côté que la partie ancienne de la Corse est le plus difficilement accessible. La vaste conque granitique du Niolo, d’où le Golo s’échappe par des gorges sauvages, abrite un peuple de bergers «couverts de poils» qui ont gardé, notamment dans la piève d’Asco, les mœurs d’autrefois. C’est une race de travailleurs, rude et vaillante. «Nulle part, dit un vieux dicton corse, on ne travaille autant que dans le Niolo.» Entre les hautes vallées du Golo et du Tavignano, sur un seuil élevé, Corte commande le passage de l’Ouest à l’Est: ce fut, au XVIIIᵉ siècle, le centre politique de l’île.