- Ce que j'ai à te dire, lui susurre-t-il à l'oreille, tu l'entendras plus tard. Chaque chose en son temps. Mais un jour, je te le promets, tu sauras que j'ai raison. C'est ton père qui te le dit, tu n'as pas confiance?
- Si, dit-elle, mais je voudrais tellement que tu ne te sentes pas seul. Jamais.
Cette fois, elle relève la tête, sèche ses larmes, et le regarde droit dans les yeux.
- Je ne comprends pas comment tu fais pour vivre seul sans jamais voir personne à part ton chat. On ne sait d'ailleurs même pas d'où il vient, celui-là, et en plus les trois quarts du temps tu les passes dans ton sous-sol miteux alors que tu as un appartement confortable à l'étage. Je ne comprends pas comment tu pourrais te sentir bien dans un milieu pareil. C'est morbide. Mais tu le sais très bien tout ça, je ne vois pas pourquoi je me répète, je sais très bien que c''est inutile d'en parler.
D'ailleurs, dans le quartier, tout le monde le dira: Philibert vit comme un ours, il ne sort jamais ou presque, ne reçoit jamais personne. A l'exception de sa fille, Gisèle. Son seul enfant. Elle lui rend visite chaque samedi, sans faute.