— Un vrai miroir ! Si c’était gelé, ça ferait une patinoire épatante. Par malheur, le temps n’est pas à la gelée. Ça, non !
Penché vers la mer, en prononçant ces mots, avec une nuance de regret, le personnage qui traduisait ainsi à haute voix ses impressions de voyage, s’épongea le front.
Le groupe cosmopolite qui l’entourait opina du bonnet.
Groupe cosmopolite, avons-nous dit. Il se composait, en effet, d’une jeune Chinoise, d’un singulier nègre et d’un fort gracieux spécimen de la race blanche.
La Chinoise se nommait Mandarinette. Nous aurons bientôt à préciser dans quelles circonstances bizarres elle avait été introduite en cette société.
Le nègre, lui, avait nom master Julep ; son corps, jadis uniformément noir, comme doit l’être celui d’un honnête descendant de Cham, présentait d’étranges bigarrures qui faisaient de sa peau une carte d’échantillons de toutes les couleurs. Il devait cette originale enveloppe non à des teintures superficielles, mais bel et bien à des essais de décoloration de la peau, pratiqués sur lui par son maître, le plus grand savant de cette époque. D’ailleurs, constatons-le, Julep était on ne peut plus fier de sa polychromie.