La voiture avait traversé le village, et suivait un étroit pavé montant. On laissait derrière soi la Lys, rivière traînante. On allait lentement vers une ligne de hauteurs continues, que jalonnaient des files de peupliers et des moulins à vent, sur le ciel gris de novembre. L’auto, un fort cabriolet huit cylindres, couleur havane, laminait sous ses larges pneus les flaques de boue, en jaillissements sales. Et Domitien Van Bergen, au volant, évitait tant bien que mal les caniveaux et les fondrières, sur l’étroite chaussée, défoncée en cette saison par les derniers charrois de betteraves. Une bise cinglante et dure enveloppait la voiture et sifflait dans les arbres nus du chemin.