Depuis de longues générations, les Guilo étaient pêcheurs, et Pierre, comme ses ancêtres, vivait péniblement du produit de sa pêche.
C'était un honnête homme dans toute l'acception du mot, et, bon camarade, hardi marin, toujours prêt à voler au secours des malheureux en danger sur la grande eau traîtresse, - il était aimé de ses proches et estimé du tous ceux qui le connaissaient.
Vingt-cinq ans auparavant, il avait épousé Catherine, une orpheline, aînée de sept enfants, qui ne lui avait apporté en dot que sa jeunesse et son courage.
Ensemble, ils vivaient, sinon aisés, du moins heureux, et la naissance attendue d'un enfant, au début de leur union, avait semblé devoir couronner leur bonheur,
Pourtant, quand Catherine avait mis au monde, le même jour, deux jolis petits garçons, robustes et bien constitués, une grande consternation avait régné dans la maison.
C'était une opinion bien établie dans la famille et même dans Saint-Géran, que jamais on n'avait vu deux frères vivre ensemble sous le toit d'un Guilo.