La tête me tournait. Je n'aurais pas dû tant m'approcher du bord.
De l'extrémité du pied, je heurtai un petit caillou ; il dévala la pente, rebondit de plus en plus fort contre les parois et s'évanouit littéralement dans le vide. Ce vide, cette étendue immense, fascinante, étourdissante. Ce serait si simple finalement. Tout oublier, sans se soucier de demain. Le fil qui relie à la vie s'avérait tellement ténu, comme la frontière entre le bien et le mal, l'amour et la haine. Un petit rien pouvait tout faire basculer en l'espace d'une seconde. Serait-ce si courageux ou simplement lâche de céder à la tentation ?
Pendant un instant, je fermai les yeux. Un souffle, la main du destin pouvaient décider...
Les rayons du soleil devinrent aveuglants, et il y eut cette tache rose qui s'agita mollement.
Je ne l'avais pas remarqué plus tôt. Il n'était peut-être pas là, après tout. Un ballon de baudruche un rien fripé, à moitié dégonflé, usait de ses dernières forces pour se libérer de la branche qui l'emprisonnait. Bizarrement, il m'attira inexorablement, lui ou plutôt le petit carton qui se balançait au bout de la ficelle.