"Déjà 10 heures que ce bus pourri et surchargé traîne ses vieilles roues sur le goudron vérolé, même les chèvres là, sur le toit, coincées entre les mobylettes et les sacs de manioc, semblent exprimer toute la lassitude de ces interminables périples africains. Encore une panne, tout le monde descend, on partage les infortunes du voyage, les arachides et les petits beignets, ceux qui donnent la chiasse. La nuit est claire comme toujours et la brousse toute attentive à ce petit nuage humain inquiet. Bing, bang, les artistes chauffeurs s'affairent au chevet du vieux diesel cacochyme, il vit encore, il tousse, il redémarre ! Allez, on remonte vite et ça repart. Dans deux minutes, l'habitacle bondé cédera aux coups du sommeil. Je regarde encore un peu les coiffures des femmes devant moi, petites tresses insolentes, carrés délimités avec soin à boucle centrale, infinies déclinaisons de nattes, elles sont trop fortes ces élégantes-là ! Pas de riz aujourd'hui! La nuit, Koudougou est encore loin."