Dawson, au confluent du Yukon et de la Klondyke, à l'extrémité nord du Dominion Canadien. L'hiver qui, pour huit mois, étreint la ville, semble vouloir écraser les maisons. La rafale balaye Front-Street, faisant tourbillonner les flocons et détachant des paquets de neige aux cornes des toits et aux croix de Saint-André où s'accrochent les fils du télégraphe.
Le trait qui indique la rue s'efface et les trottoirs de bois surélevés sont nivelés.
A deux cents mètres, trois carrés lumineux se découpent nettement sur le sol : l'Exchange, le Monte-Carlo, le Green Tree, les bars où s'assemblent les joyeux garçons.
A l'Exchange, l'accordéon gémit et le pas des danseurs martèle le plancher ; au Monte-Carlo, un phonographe criard tourne un fox-trot ; le Green Tree est morne.