Le roman est d'abord publié dans le Journal des Débats du 9 août au 6 septembre 1870, puis mis en vente, sous forme de volume, le 17 juillet 1871, chez Hetzel. La ville flottante, c'est le Great Eastern, un énorme navire faisant la traversée Liverpool-New York, à bord duquel se trouvent plusieurs milliers de personnes, avec leurs caractères différents. Une vraie société. Le personnage principal du récit en est le narrateur.
" Plus qu'un vaisseau, c'est une ville flottante. Si le Great Eastem n'est pas seulement une machine nautique, si c'est un microcosme, un observateur ne s'étonnera pas d'y rencontrer tous les instincts, tous les ridicules, toutes les passions des hommes. "
Les rumeurs vont bon train quand on franchit le pont du Great Eastern : des cabines jusqu'aux cales, il est question d'inquiétantes disparitions... Un des capitaines aurait péri noyé, un passager se serait égaré dans les profondeurs du navire, un mécanicien aurait même été soudé dans la boîte à vapeur ! Hypnotisé par la démesure du bâtiment, le narrateur embarque à son bord pour une traversée qui réserve bien des surprises.
Extrait du chapitre 1 : Le 18 mars 1867, j'arrivais à Liverpool. Le Great-Eastern devait partir quelques jours après pour New-York, et je venais prendre passage à son bord. Voyage d'amateur, rien de plus. Une traversée de l'Atlantique sur ce gigantesque bateau me tentait. Par occasion, je comptais visiter le North-Amérique, mais accessoirement. Le Great-Eastern d'abord. Le pays célébré par Cooper ensuite. En effet, ce steam-ship est un chef-d'oeuvre de construction navale. C'est plus qu'un vaisseau, c'est une ville flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après avoir traversé la mer, va se souder au continent américain. Je me figurais cette masse énorme emportée sur les flots, sa lutte contre les vents qu'elle défie, son audace devant la mer impuissante, son indifférence à la lame, sa stabilité au milieu de cet élément qui secoue comme des chaloupes les Warriors et les Solférinos...