L’astre de Bismarck remonte. J’ai peine à croire que ce soit bon signe.
Le 11 novembre 1918, n’avait-on pas cru que son œuvre était détruite, que son nom, attaché à un âge de violences, appartiendrait au passé ? Était-ce, comme disait Mme Juliette Adam, « l’heure vengeresse des crimes bismarckiens ? » Ce que Bismarck avait construit, l’unité allemande, est resté debout. Sur ce piédestal, se dresse le forgeron du fer et du feu.
Le renouveau de sa gloire tient à cela. Il tient à autre chose encore.
Bismarck n’a eu qu’un disciple. Mais quel disciple ! Stresemann a été digne de son maître parce qu’il l’avait étudié et compris. Vive l’intelligence ! Vivent l’étude et la science ! Si les Allemands avaient médité les Pensées et Souvenirs, ils n’eussent pas commis l’énorme faute de 1914. Bismarck avait montré l’écueil qu’ils devaient éviter. Il expliquait à ses successeurs pourquoi l’alliance avec l’Autriche avait été conclue, pourquoi elle devait être conservée. Mais il leur recommandait expressément de ne jamais faire la guerre sur un prétexte autrichien, s’ils ne voulaient pas exposer l’Allemagne à une de ces coalitions dont il avait, lui, le cauchemar. Si Guillaume II avait mieux lu les mémoires de Bismarck, son trône et le traité de Francfort dureraient toujours. Stresemann les lut, s’en pénétra, y trouva des leçons pour tirer de l’abîme l’Allemagne vaincue.