Il y a trente ou quarante ans, alors qu'on mettait près de quinze jours pour se rendre de Paris à Marseille, et qu'on n'était pas toujours sûr d'arriver à destination, il fallait être doué d'une certaine dose de courage pour se risquer de propos délibéré sur un navire à vapeur partant à la découverte.
Les pays étrangers étaient entourés d'une certaine auréole mystérieuse qui faisait regarder comme des êtres à part ceux que le besoin d'aventures ou le désir d'apprendre poussaient vers les régions inconnues. Aujourd'hui, grâce à la vapeur et aux chemins de fer, les distances n'existent plus; le besoin de changer de place est devenu général, et tous, grands ou petits, riches ou pauvres, s'élancent à qui mieux mieux vers les régions éloignées.
Qui n'a fait au moins, une fois dans sa vie le tour du monde ? Seulement, comme l'a dit un grand poète contemporain, aujourd'hui on ne voyage plus, on arrive. En effet, les pays qui séparent le point de départ de celui de l'arrivée, demeurent supprimés, un coin du voile seulement est soulevé, et la curiosité vivement excitée se tourne de plus en plus vers ces contrées lointaines entrevues à peine à travers des nuages de vapeur et de fumée.
A l'époque où M Aimard a entrepris ses voyages, la vapeur n'était encore que dans l'enfance et les chemins de fer n'existaient pas...