Dernier ouvrage de Chateaubriand, cette biographie d'Armand Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700), abbé mondain, propriétaire du château de Véretz en Touraine, et réformateur rigoureux de la Trappe, qu'il publie en 1844. Dans cette biographie, Chateaubriand égratigne une autre personnalité de Véretz, son contemporain Paul-Louis Courier, le redoutable pamphlétaire qui avait critiqué mortellement le régime de la Restauration soutenu par le vicomte, et brocardé celui-ci dans plusieurs de ses écrits.
Après s'être engagé dans l'état ecclésiastique sans autre vocation que son ambition, l'abbé de Rancé consacre sa vie aux festins et aux divertissements. Puis, un jour d'avril 1657, sa maîtresse meurt. Six ans plus tard, il décide d'entrer à la Trappe - et longtemps après, selon la légende, on montrait encore la tête même de Mme de Montbazon que l'abbé avait emportée avec lui après l'avoir trouvée, sanglante, à côté de son cercueil.
Cette Vie de Rancé que Chateaubriand fait paraître en 1844, il l'a écrite comme une pénitence imposée par son directeur de conscience. Une biographie ? Sans doute, mais elliptique et lacunaire, digressive et souvent désinvolte, où l'écrivain, volontiers, entrecroise sa vie à celle même de l'abbé.