"L'art de conquérir les honneurs de la députation n'est pas plus facile que l'art de mettre sa cravate. Beaucoup de gens croient le connaître, et il suffit du moindre mouvement électoral pour leur prouver toute la stérilité de leur savoir-faire et la vanité de leurs prétentions. S'il ne fallait que de l'esprit et du talent pour en connaître tous les secrets, la plupart des aspirants législateurs prendraient place au palais Bourbon (...) Et je ne parle pas ici de cette industrie vulgaire connue de tous et dont les ressorts sont complètement usés, j'entends par ce mot une science du tact et de l'à-propos que les partis ignorent et que les passions ne comprennent pas. Cette science, féconde en ressources, étonne par son originalité et la promptitude de ses moyens ; cette science, c'est le livre de la vie adroitement commenté par l'ambitieux. Et combien de gens, je vous le demande, l'ont ils ouvert avec adresse, quand ils se sont donné la peine de l'ouvrir?... fort peu. Et ces gens là se disent de grands citoyens, fort experts dans l'art d'être députés et même ministres!"
Cette description date de... 1846 ! Dans cet essai décapant et d'une vibrante actualité dénonçant le populisme électoral et les nouvelles manières de faire de la politique, François de Groiseilliez dresse un portrait sans concession des élus de son temps. A méditer.