Bien peu se souviennent de José Moselli. Pourtant ce travailleur acharné publia près d'une centaine de romans à épisodes dans L'Intrépide, L'Épatant, Le Petit Illustré, Cricri et aux éditions Offenstadt, entre les deux guerres mondiales.
La découverte d'un manuscrit, écrit dans une langue inconnue, par l'équipage d'un baleinier, nous fait vivre les derniers mois de la vie des habitants d'une île à la technologie très avancée, Illa. Rair, dictateur d'Illa, vient d'imaginer un moyen de doubler la longévité de ses habitants, en prélevant chez des humains le sang nécessaire à leur survie. Jusqu'ici, les effluves osmotiques destinés à les nourrir provenaient des porcs et des esclaves, d'anciens «nègres» réduits à l'état de singes. Xié, chef de guerre, qui acceptait ce privilège et soutenait ce régime, refuse de se repaître de ses ennemis. Sa révolte, qui ne puise à aucune idéologie, s'affirme comme le pur réflexe d'un homme conduit progressivement jusqu'au seuil de l'abjection par la société où il vit. Dès lors s'engage un combat impitoyable contre le factieux...
Grâce à son sens aigu de la dramaturgie, au rythme soutenu de l'action, à son style de feuilletoniste exercé, Moselli va développer cette histoire dense et tragique à la manière d'une fresque primitive. Il suggère habilement le décor grandiose et futuriste d'Illa, Métropolis souterraine où abondent les innovations technologiques, de la télévision à la bombe à neutron.