Sources et fleuves longtemps furent divinisés. Le beau Narcisse lui-même naquit des amours d'un fleuve et d'une nymphe. Aspersions et ablutions rituelles, païennes, hébraïques, chrétiennes ou hindoues, l'usage des eaux lustrales est une pratique quasi universelle. Nourricière et féconde, l'eau peut-être purificatrice et régénératrice, mais aussi mortellement destructrice quand elle vient ruiner les ouvrages des hommes.
Les sept poèmes de ce numéro 11 du feuilleton poétique de 2022 se souviennent de ces anciens pèlerinages qu'on n'ose plus dire sacrés. D'abord entachés d'un soupçon de superstition et d'idolâtrie, ils sont à présent sécularisés par le thermalisme médical ou récréatif. Sources et fleuves restent cependant des lieux où nous aimons à jeter quelque pièces de monnaies. Modeste offrande, discret sacrifice pour apaiser la divinité, ou attirer sa bienveillance.