Jacques Abbadie considérait le Traité de la Divinité de Jésus-Christ comme le troisième tome de son Traité de la Vérité de la Religion Chrétienne, qui avait eu un retentissement considérable dans toute l'Europe. Avec une liberté de ton dont notre époque médiatique a aujourd'hui perdu le courage, il prétend y démontrer par l'absurde, que si Jésus-Christ n'est pas d'une même essence divine avec son Père, il vaut mieux : 1) se faire musulman ; 2) approuver le sanhédrin dans sa condamnation à mort de Jésus ; 3) tenir les apôtres et leur maître pour des menteurs ; 4) jeter aux orties l'Ancien et le Nouveau Testament ; 5) considérer la religion comme une mauvaise farce. Les critiques protestants du dix-neuvième siècle ont couramment reproché à Abbadie ce type d'approche, en la qualifiant d'intellectualiste ; cependant une simple étiquette n'a pas valeur de réponse à un argument de bon sens. L'apôtre Paul lui-même, a utilisé la méthode de démonstration par l'absurde : « Si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine», écrit-il aux Corinthiens. Pareillement, si Jésus-Christ n'est pas le Fils unique Dieu, et Dieu donc dans son essence, il est inconséquent ou hypocrite de se dire chrétien. Abbadie, c'est un peu le Descartes réformé ; et puisque les philosophes n'ont pas cessé d'étudier l'auteur du Discours de la Méthode, sous le prétexte qu'il serait trop ancien, on comprendrait mal que les chrétiens évangéliques ne lisent plus le grand apologiste du dix-septième siècle. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1689.