Ce recueil de nouvelles, parues séparément dans les revues littéraires de l'époque, n'a jamais été édité sous cette forme en russe. Il résulte d'une compilation faite par Hachette, le grand éditeur de l'époque, qui lui a donné son titre destiné à allécher le lecteur français, friand d'exotisme. Trois thèmes, présents dans toute l'oeuvre de Tourgueniev, donnent une certaine unité au recueil. La dénonciation du servage, pour l'abolition duquel Tourgueniev lutta et fut emprisonné. La vanité de la recherche du bonheur, but impossible à atteindre. Enfin la mort et son mystère, qui hante l'auteur jusqu'à sa dernière oeuvre, Claire Militch, au bord de l'hallucination. La mort, violente le plus souvent, parfois accidentelle mais en même temps providentielle, conclut toutes ces nouvelles. Les amours sont toutes malheureuses, les couples mal assortis, les vies sont subies dans la résignation. Tous les récits ont pour cadre la bonne société russe de province, gens relativement fortunés, en général éduqués, donc parlant le français et l'allemand, b a ba de la culture à l'époque. Les petites gens, paysans, domestiques, sont totalement soumis à la volonté de leur maître qui les marie à son gré, sans tenir compte de leur aspirations. C'est donc une vie russe bien spécifique que nous présente l'auteur. On ne doit pas oublier l'amour profond de Tourgueniev pour la profusion de la nature russe, qu'il ne manque jamais de nous décrire en détail, et dont il donne parfaitement le sentiment de son immensité.