Une nation qui ne sait plus faire respecter sa langue, ou qui néglige l'histoire de sa littérature est bien près de disparaître. Cette évidence générale s'applique encore au domaine particulier de la culture protestante. Existe-t-il encore une théologie française, une prédication française ? Si Alexandre Vinet avait dû écrire de nos jours son Histoire de la Prédication parmi les Réformés de France au dix-septième siècle, son éditeur lui aurait sans doute conseillé de changer le titre en un misérable slogan : MADE FOR PREACHING !, de réduire le nombre de pages de 700 à 300, et de chanter les louanges de Burroughs, de Taylor, de Watts, d'Owen et autres puritains, plutôt que de rappeler les noms de Du Moulin, de Daillé, de Mestrezat, de Du Bosc, de Superville, de Saurin etc. Mais, dit-on, ces écrits du dix-septième siècle sont bien trop vieux pour intéresser les lecteurs évangéliques d'aujourd'hui. Bizarrement les sermons anglais de la même époque ne le sont pas pour être traduits en français, réédités, encensés... lamentable ilotisme qui prélude à l'extinction complète de l'esprit français. Ce livre de Vinet méritait d'être réédité ; on y trouvera plus qu'une anthologie des prédicateurs du lendemain de la Réforme, mais un véritable cours d'homilétique pratique, avec analyse des discours, et critiques sans concession. A must-read pour le pasteur français oserons-nous dire. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1860.