Aujourd'hui nous retenons essentiellement deux vues majeures du temps: celle - léguée par les Anciens - d'un temps cyclique où tout se répéterait périodiquement et celle - adoptée par les Modernes - d'un temps linéaire orienté vers l'avenir. Or les penseurs ne se sont de loin pas limités à ces deux seules visions, développant à travers les âges une pluralité de conceptions aussi diverses les unes que les autres. La littérature française n'a pas manqué d'en faire, également, une de ses sources d'inspiration privilégiée. Aussi, la présente étude se penche sur l'approche montaignienne du temps dans les "Essais". Nous partons d'un constat premier: l'angoisse de Montaigne face à la fuite du temps. De là, sont alors dégagées les différentes stratégies de défense qu'adopte l'auteur, au fil du temps... Trois mouvements composent ce travail: d'abord nous découvrons l'idée d'une conception subjective du temps, où celui-ci est réversible; ensuite nous glissons vers une approche sceptique du temps, où celui-ci se meut à la façon de l'esprit montaignien; et finalement nous parvenons à la thèse de la saisie de l'instant, admise par la majorité des critiques, mais nuancée ici à l'aide d'une reformulation de l'instant. Après ce long voyage dans le temps, l'analyse revient et se prononce enfin sur le thème de l'angoisse montaignienne, et ce, de manière conclusive.