J'ai fui la ville d'or où les flots et les filles
Se disputent l'amour
Car une ombre pesait sur mon coeur qui vacille,
Découronnant mes jours.
Mes mains n'étreignent plus cette chair palpitante
De l'âcre volupté.
Mes cyprès et mes pins ont la voix consolante
De l'immortalité.
Je change de rosier quand l'élan de ma vie
Garde encor sur ses traits
D'une part la douleur, d'une autre l'harmonie
Qu'augmentent mes regrets.
Ils ne sont point porteurs des vaines pénitences
Et des chers repentirs ;
Ils ne sont les enfants que de cette distance
Creusée par l'avenir.
Sait-on jamais ce qui vaut mieux d'un paysage,
D'une aurore ou d'un soir ?
Malgré la branche offerte à la fleur de passage,
De louer mon espoir
Ne me fait condamner le passé que je laisse.
Je dis à mon jardin :
Si je puis vivre mieux dans ta claire sagesse
Je te donne mes mains.