Nous aimons à imaginer notre vie comme de franches lignes droites taillant leur route au travers de paysages terrestres, filant dans le chaos de ses richesses et de ses pièges. En réalité, qu’il est long le chemin et qu’il est sinueux comme les ruisseaux
du bois de Vincennes avec leurs rochers, leurs cascades, les petits ponts de pierre imitant le bois qui les enjambent, que je traverse avec insouciance. Combien de fois, me laissant aller au charme de la pénombre des sous-bois et du bruit enchanteur de l’eau je les ai parcourus en croyant me rendre aux îles du lac Daumesnil pour venir me perdre dans la forêt. Au travers des touffes vertes des arbres je distinguais alors, au bout d’un moment un minuscule point rouge : la cabine de téléphone britannique du square, celui qui longeait la route de goudron, au sortir du bois et qui indique le retour à l’urbanisme. Soulagée, je m’y dirigeais
donc pour rentrer à la maison, délaissant ma promenade.