L'histoire de Michel le charpentier nous entraîne peu à peu d'un cadre réaliste (Grandville, le Mont Saint-Michel et Greenock sur les côtes de l'Écosse) à un monde fantastique et onirique où les hommes de Man ont des têtes de chien, où une maison de poupée peut contenir des jardins où l'on s'égare et où, derrière le personnage de la vieille mendiante naine de Grandville, dite la Fée aux Miettes, s'évoque la figure de la princesse Belkiss, reine de Saba. Pour sauver la Fée aux Miettes, Michel part à la recherche de la mandragore qui chante...Une quête insensée ? Cette mandragore l'emportera-t-elle vraiment dans les airs avec une douce chanson? Ce glissement du réel au rêve peut-il ouvrir l'esprit à d'autres dimensions et d'autres êtres? Ou ne mène-t-il qu'à la folie? Michel nous narre son histoire depuis l'asile des lunatiques de Glasgow -mais il est fou, dans le fond ? C'est l'avis du célèbre médecin de Michel qui prescrit, pour ce lunatique, sinapisme, phlébotomie et poucettes.
Deux ans après son essai: «Du fantastique en littérature», Charles Nodier écrit dans la préface de «La Fée aux Miettes»: «Une histoire fantastique manquerait de la meilleure partie de son charme quand elle se bornait à égayer l'esprit sans rien laisser au coeur». C'est ce que fait ce superbe conte poétique et triste. Malgré digressions, provocations, ironies ou morales, il est un manifeste pour l'imagination et l'émotion contre la froide raison «anatomique». Il «ébranlera votre coeur»... Au prix de quelques «sacrifices à la raison»?