Depuis les jours de Luther, qui ne la tenait pas en haute estime, l'Épître de Jacques est surtout étudiée en milieu protestant par rapport à la question des oeuvres qu'elle semble opposer à la foi seule, pour pouvoir être sauvé. On s'efforce donc de prouver qu'il n'existe pas de contradiction essentielle entre l'enseignement du premier évêque de Jérusalem et celui de l'apôtre Paul. Dans ce petit ouvrage Neander signale qu'en réalité les églises auxquelles Jacques écrivit sa lettre n'avaient probablement jamais soupçonné une difficulté doctrinale quelconque liée aux écrits de Paul ; car composées majoritairement d'anciens Juifs, elles concevaient l'apparition de Jésus-Christ et le développement de son règne, non comme une rupture avec le passé, mais comme l'accomplissement naturel des prophéties de l'Ancien Testamment. Jacques lui-même, demi-frère de Jésus par Marie, n'avait pas été gagné à la foi en l'incarnation du Fils Dieu par une crise brutale et inattendue, comme ce fut le cas chez Paul, mais en quelque sorte progressivement, et devant l'évidence de la résurrection. Le mérite de l'étude de Neander consiste à bien mettre en lumière la nécessité d'une compréhension de la psychologie l'écrivain et des particularités de son entourage, pour aboutir à une juste lecture de son épître. Neander rapproche très pertinemment le ton et les préoccupations de Jacques du Sermon sur la montage, dans lequel il ne faut pas voir ainsi que l'ont prétendu les dispensationalistes un évangile pour les Juifs, mais l'épanouissement de la Loi Royale qui inspire toute l'Écriture, et qui contenait en germe l'Évangile de Jésus-Christ. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1851.