Un murmure infini...
Vous êtes-vous aventurés, un soir, lors des anciennes séances de nuit, vers les rayonnages de la Bibliothèque municipale de Toulouse (rue de Périgord) ?
On y entend un murmure infini, le bruissement des paroles des livres entre eux. Certains souffrent et se plaignent d'une trop longue fermeture, de l'absence d'un lecteur attentif ou d'une lectrice bienveillante (car la vie des livres est dans l'oeil et la main du lecteur).
D'autres parlent des relations des personnels de la Bibliothèque dont ils sont les témoins au fil des jours et des années.
Ils ont vu et entendu des choses humaines multiples et étonnantes, pendant des centaines d'années. Ils paraissent plutôt apaisés et reconnaissants pour ces derniers temps. Ils avaient connu des choses bien plus déroutantes, jadis...
Ce sont les premières sensations que nous recueillons au sein du murmure incessant. Comme une plainte, un appel fragile, une invitation pour notre regard et notre écoute. Dans l'émotion et le recueillement, d'autres paroles viennent à nous, si nous voulons y prendre garde.
Il nous faut alors entrer dans le silence des livres et laisser résonner la voix qui vient du papier. Elle traverse l'épaisseur des reliures et vient buter légèrement sur le métal des rayonnages.
Le murmure s'est changé en une voix muette qui suit les linéaments de notre physiologie humaine et vient habiter l'espace de nos mains.
Alors, certaines et certains d'entre nous, répondant à cet appel, ouvrent un cahier et commencent à écrire...
Monique Lise
Toulouse, le 8 décembre 2008