Pilote sur la ligne Toulouse-Dakar, Jacques Bernis - comme le narrateur - a trouvé dans le monde de l'aviation postale un milieu dur, net, précis, qui le sauve de l'inquiétude et le défend contre le sentiment de sa fragilité. Les livres ne lui ont appris « aucun secret qui le protégeât de la mort ». Son métier le contraint à réduire la part de l'intelligence à des « pensées rudimentaires, à des pensées qui dirigent l'action ». Sa participation à une oeuvre collective, la conscience de sa responsabilité donnent un sens à sa vie. Mais l'avion fait de lui un nomade alors qu'il souhaite enracinement et permanence. Usager des chambres d'hôtels, il rêve d'habiter.
Geneviève, elle, habite. Entourée de murs épais, d'objets que leur qualité protège du temps, liée par une mystérieuse complicité aux êtres et aux choses, Geneviève, l'amie de son enfance, peut seule orienter l'existence errante de Bernis. De passage à Paris, il la retrouve mariée à un individu nul et prétentieux, Herlin, mais toujours défendue et en paix dans son royaume.
Mais peut-on recommencer sa vie ? Chacun à sa manière, Geneviève et Jacques sont condamnés. Roman tragique où, en filigrane, Saint-Ex écrit l'épopée de l'Aéropostale : Toulouse, Barcelone, Alicante, Casablanca, Agadir, Cap Juby...