Comment comprendre un peuple qui cherche encore à se deviner lui-même, dont la marche saccadée et hésitante n’a point de but encore distinct, qui, selon l’un de ses proverbes, a quitté une rive et n’a point atteint l’autre ? Dans ses transformations successives, il faut distinguer ce qui est superficiel, extérieur, officiel, de ce qui est profond, permanent, national. Aucun peuple de l’histoire, aucun pays du monde peut-être, n’a subi de tels changements en un ou deux siècles, aucun, sauf l’Italie et le Japon, n’en a vu de pareils en une vingtaine d’années. Les réformes de toute sorte ont été si nombreuses que, pour l’observateur le plus attentif, elles sont difficiles à suivre ; l’application en est encore si récente, parfois si contestée et incomplète, qu’il est malaisé d’en apprécier tous les effets.