Elle s'appelait de son vrai nom Marguerite Charlès. Mais les gens l'avaient baptisée «la Charlézenn».
Ce fut dès l'enfance une singulière fille, aux libres allures. Toujours grimpée dans les arbres, entre le ciel et la terre, comme un jeune chat sauvage, elle envoyait de là-haut sa chanson aux passants qui cheminaient en bas, dans la route. De qui était-elle née? On n'en savait rien. On disait dans le pays qu'elle n'avait eu «ni père, ni mère». Elle n'avait rien à elle sous le soleil, pas même le nom sous lequel on l'avait inscrite au registre de paroisse. Si pourtant! elle avait à elle sa beauté. Une beauté insolite, étrange, comme toute sa personne, comme toute son histoire ou plutôt sa légende. Ce n'est pas qu'elle fût précisément jolie.