L’horloge était censée avoir tous les traits d’une horloge, mis à part donner l’heure. C’était une horloge comme si.
Elle avait été fabriquée pendant la guerre de 14-18, en 1915, dans les montagnes perdues et enneigées de la Lozère par un homme placé à l’asile de Saint-Alban, pour le Dr. Louis Célestin Maxime Dubuisson, médecin-directeur par temps de guerre, mais aussi grand-père du futur Dr. Lucien Bonnafé, psychiatre connu pour son engagement dans la construction de la psychiatrie de secteur.
Sur le battant on peut lire : "horas non numero nisi serenas", "Je ne sonne que les heures heureuses ", et cela a fait rêver.
Voilà qu'elle s'est mise à parler et à raconter la longue histoire de la folie d'hier à aujourd'hui, dans les établissements où elle est assignée à vivre. Elle dit la continue résistance de ceux qui, soignants et soignés, refusèrent d'être de pâles figures du pouvoir et de la soumission, immobilisés, sédimentés au pays des horloges arrêtées.